mercredi 5 septembre 2012

Hier, aujourd'hui... et peut-être demain!

Le temps ne fait rien à l'affaire... comme dit le poème.
J'avais envie de parler des outrages du temps ou à l'inverse des réhabilitations que les hommes opèrent pour rendre aux monuments leur couleur, leur forme ancienne, sans parler des la chirurgie esthétique qui est un autre domaine, n'est-ce pas? Car la nature, elle aussi, au fil du temps (et ici au fil de l'eau en l’occurrence) modifie les architectures originelles construites par l'homme par des dépôts (calcaires notamment,comme nous allons le voir!), des salissures, des griffures, sans parler de destructions massives lors de séisme ou autre tsunami .
A l'approche des Journées du Patrimoine qui portent cette année sur le thème de l'eau, ces images (et cette fois ci, cette "enquête" et non une simple quête)sont à regarder de plus près.
Dans mon village l'eau est très présente. La rivière le Réal, la traverse d'un bout à l'autre avec une magnifique cascade sous le Grand pont à l'entrée.La source de Traconnade alimente en permanence, quatre à cinq fontaines dont la création de plus anciennes remonte à la fin du XVII ème siècle.
Le Monument aux morts en 1926 (entre les deux premiers platanes) lors d'un carnaval??? j'ai pas mieux comme témoin!
C'est peut être pour cette "abondance" et la haute valeur symbolique de l'eau, que l'architecte Gustave Salgé imagine autour du Monuments aux Morts de la première guerre mondiale, un bassin alimenté par un réseau de petits jets d'eau en façade et deux coupelles, façon bénitiers, sur les faces latérales. Le "Poilu" de circonstance,  est sculpté par Antoine Sartorio ( 1885-1988) dont la renommée dépassera nos frontières régionales (il a beaucoup travaillé avec l'architecte Gaston Castel à Marseille) pour des monuments à Vincennes , Tournon/Rhône, Santos au Brésil ou encore Nice ou Menton. Il est intéressant de visiter à Jouques (où il s'installe en 1967 après un début de carrière parisienne) son atelier et de noter qu'il est mort dans sa cent quatrième année. (A croire que l'air ou l'eau de ce village conserve, me direz vous? à moins que ce ne soit le métier de sculpteur!)

Mais revenons à notre bassin, qui est construit en 1921. L'eau coule, coule, "cool", au point qu'en 1973, on ne reconnait déjà plus le monument dans sa forme originelle.
Vue du Monument en 1973. La "couche" de calcaire est déjà bien présente
Quand j'arrive en 1981 , la couche de calcaire est encore plus impressionnante, au point que nul ne pouvait imaginé , et moi en premier, que la chose avait été construite ainsi... façon Fontaine moussue Cours Mirabeau à Aix, où nous somme bien d'accord, la même chose semble s'être produite. Il ne faut donc pas se fier aux apparences!
le monument coté latéral droit en décembre 2011 cette partie là n'est pas encore attaquée au marteau piqueur

A l'hiver dernier la commune a commandé au tailleur de pierres, Egalon Jean-Paul à Tourves (83),la restauration de ce monument. Bravo.
Février 2012 partie gauche déjà bien entamée par le marteau piqueur

Les photos prisent par Guy Lambert de l'association les Amis de Jouques sont éloquentes quand à l'épaisseur de calcaire. En 90 ans... je n'en reviens toujours pas! Le résultat est là, avec un éloquent "A nos enfants" .
 Septembre 2012 Vue de face après d écroutage. Le bassin et le bénitiers latéral droit avant remise (éventuelle) en eau
Pour l'instant, le bassin et son système d'alimentation en eau n'ont pas été remis en service. Si c'était le cas, une nouvelle génération (la troisième au moins!) viendra et verra le monument  avec des rotondités moussues apportant couleur, vie et fraicheur aux pieds du Poilu, sans se douter de ce message de reconnaissance. 
Si nous envisageons ces quelques photos sous l'angle d'une "démarche artistique" en prenant le temps qui passe comme paramètre de base, je dirai que grâce à une archéologie active et non préventive, volontaire et efficace et, dans ce cas, verticale et non horizontale, le passé revient au présent pour y retourner... peut-être!


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