Deux récits à l'opposé l'un de l'autre, de deux artistes peintres d'une grande "valeur" (dans tous les sens du terme). Garouste trace un autoportrait poignant de sa vie, du rapport à son père, à la peinture ( sa rencontre avec Léo Castelli- marchand d'art américain- sans lequel rien de son travail n'aurait peut-être pas connu une telle notoriété) et sa folie due à des troubles psychiques incontrôlables ou si peu prévisibles.
Extrait: "ce jour-là, nous nous interrogions. Les années 1980 se terminaient, l'art devenait un marché et la peinture un placement plus sûr encore que les pierres précieuses, elle était côtée au même titre que le pétrole. Tout s'emballait. Un artiste dont on n'avait jamais entendu parler faisait irruption aux plus prestigieuses devantures de la culture, puis il disparaissait, le zapping était de mise, le coup recommandé. Avec le pop art et les sérigraphies, l'art s'était rapproché d'un système de production, la pièce unique ne tenait plus la route, il fallait la faire en plusieurs exemplaires, envisager un lancement mondial, espérer couvrir la planète et tous ses hôtels Hilton. l'artiste devait être extraverti. Je sentais bien que ce monde là n'était pas fait pour moi. Léo aussi était d'une autre école, d'une autre époque, il se rappelait que la première exposition chez lui de Warhol ou de de Kooning n'avait pas marché, il savait que le seul luxe de l'artiste c'est la lenteur, mais il était marchand, joueur, prêt à toutes les adaptations et il n'avait plus le temps d'être patient. Pourtant, il semblait patient...
On y verra clair dans quinze ans"
Pour Henri Cueco, le propos est plus optimiste bien qu'il s'agisse pour lui (et sans doute pour moi aussi) de lutter contre un "malbien" inguérissable qui s'appelle la "collectionnite"parfois aigue:
Extrait : "Je suis le plus important collectionneur de mes propres tableaux. En dépit des risques de vol, de l'impôt sur la fortune (on devrait dire l'infortune), de la convoitise de galeristes, je dois confesser que j'en possède un nombre impressionnant. ...
Naturellement, je dois avouer que, du point de vue strictement commercial, il s'agit d'invendus. Les invendus sont les investissements des artistes. Les œuvres que nous conservons prennent ainsi de la valeur, font de nous, commerçants dédaigneux, d'angéliques fortunés. Sans paradoxe, on peut dire que notre échec est la cause de notre réussite. L'infortune qui fait la fortune est la grande invention moderne de notre métier. Ce sont les marchands eux-mêmes qui ont découvert cette exploitation de l'insuccès, ce revers qui ouvre sur la richesse. Il disent: "Il suffit de se tromper suffisamment longtemps pour finir par avoir raison."
On en revient à la question du Temps ...(je crois qu'il nous dit aussi qu'il le collectionne! et comment il faut s'y prendre.
Merci à l'amie qui m'a fait découvrir le premier et à ma belle sœur qui connait mes gouts tendance "OuLiPo".
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