vendredi 24 février 2012

Karine n'est pas en "Vacances Bleues"!

Non! Karine ROUGIER, artiste invitée par la Fondation Vacances Bleues (dont les nouveaux locaux se trouve au 32 rue Edmond Rostand à Marseille (6 ème)) travaille (dans le cadre des Ateliers de l'Euroméditerranée) et dessine surtout, avec le "filtre" personnel qui caractérise son univers mental (que j'aime à rapprocher de celui d'Alice au pays des Merveilles) des "souvenirs de Vacances" -Bleues ou pas- que les salariés de cette entreprise lui ont confiés.
souvenirs de Vacances... Bleues!
















































































































Un article paru dans La Marseillaise du 9 décembre 2011 relate très bien les bases de cet accueil et le projet de Karine. Pas question de paraphraser ici son auteur. Mais dire que depuis décembre le grand dessin -190 x 140 cm - (et "dessein" bien sûr) avancent bellement.
Je signale (avec fierté) que Karine Rougier avait exposé à ARTEUM, musée d'art contemporain, dans " Traits... confidentiels" en mars / avril 2008 et que depuis, son ascension due à son talent, lui permettent d'exposer régulièrement dans les galeries Espaces à Vendre à Nice et Le Cabinet à Paris. Enfin un très beau catalogue de ses dessins "intimes" et récents est paru avec l'aide du C.G13 et du C.R. PACA et le mécénat "Sextant et plus"  (Mécènes du Sud)








Au fond , le dessin en cours

Cette excursion/incursion marseillaise (méditerranéenne) s'est terminé au MAC par l'exposition "The Mediterranean Approach" qui est une exploration de la culture contemporaine en Méditerranée.Essentiellement composée de photos et de vidéo,(excepté une installation et les sculpture sous globe de David Casini,  cette approche "s'attache à travers le regard de 14 artistes (originaires de la région Méditerranéenne) à mettre en lumière les différences, tout comme les similitudes, qui tissent les identités profondes des peuples méditerranéens." 



David Casini

Marie Bovo



Jacques Berthet Oliviers
Cette exposition n'occupe que le tiers de l'espace du Musée.(c'est déjà pas mal!!!) ce qui laisse au visiteur le plaisir de retrouver dans les 2/3 restant le déploiement des œuvres de la collection permanente avec d'excellentes sculptures de César, le Roto zaza de Tinguely, des œuvres de Spoerri, Simon Hantaï, Gabriel Orozco ou les machines à voir de Jean-Luc Parent, Amore mio de Richard Baquié et bien d'autres qui me permettent à chaque fois de me refaire une culture.














  
 



vendredi 17 février 2012

L'amandier en fleur, Venise... François de ASIS


De prime abord la quantité de toiles rangées les unes contre les autres impressionne. A la sortie Fr. de Asis me confiera qu’il y en a plus de mille (et pareillement à la cave ainsi que dans d’autres lieux).
Dans la pièce du fond, une lumière zénithale vient éclairer les toiles que Fr.de Asis a disposées sur les murs…pour que nous en parlions.

Sur le seul chevalet présent repose offert à la lecture, un poème de Michel Gravil extrait de l’ouvrage Le bassin les ombres. Une lithographie l’accompagne réalisée par les éditions d’art Henry des Abbayes, à partir de la peinture d’un amandier en
 fleur. 













  


 La poésie, la littérature sont  étroitement liées à l’œuvre de Fr.de. Asis. Sa grande estime pour Bruno ROY, fondateur des éditions Fata Morgana atteste de cet engouement pour l’écriture et les beaux livres où la qualité du papier, la calligraphie confèrent à l’ouvrage une beauté particulière et précieuse, une sensibilité qui souligne avec fraicheur la rencontre d’un texte et son auteur, un éditeur et un illustrateur dans une conversation dialogique.
 Fr.de Asis aime à parler « d’écriture », tant le dessin « originel » au sens de « primitif », antécédent à toute œuvre  pourrait se substituer au terme de « peinture ». Certaines œuvres momentanément exposées à mon regard, sont séparées les une des autres par plus de trente années. Tout ce temps  « à travailler sur le motif » (je dirais presque à travailler le motif) dans la Nature, en direct, pour employer un terme proche de l’image télévisuelle et du reportage qui envahit notre quotidien.
Si son œuvre semble être devenue « abstraite » voilà ce qu’il dit de la Nature et de l’abstraction : « On oubli de nos jours que la Nature est d’une inventivité supérieure à toutes nos créations ». Le maitre mot est dit « inventivité ». Dés lors, il s’agit selon Fr. de Asis de faire le vide autour de soi afin d’être en empathie, en état de réceptivité totale pour que le trait naisse « presque » (je glisse le titre de l’ouvrage « le je ne sais quoi et le presque rien » de Vladimir Jankélévitch) de lui-même.

Fr. de Asis me parle alors le la neige de ces derniers jours et de l’abstraction : « La neige est une des manifestations de l’abstraction. Elle arrête en chemin le dessin que tu sais faire au point de l’effacer ». Quand au fait de revenir inlassablement sur les mêmes motifs (La Jourdane, le barrage Zola, La Cathédrale Saint-Sauveur, Venise),
La place San Marco vue de la Judeca (30 années séparent ces deux tableaux) au centre une sculpture d'Amado
il me dit encore : « on ne se libère d’une chose  que lorsqu’on l’a apprise et qu’on la connait bien ». Cette évolution dans une continuité qui pourrait sembler stérile ou répétitive, abouti à une écriture personnelle où comme dans l’esquisse (d’une œuvre à venir) il ya une part de réel et d’imaginaire mélangé. « C’est un travail continuel ».
Nous avons parlé ensuite (ou entre temps) de « signifiant et de signifié ». Denis Coutagne a écrit un très beau texte à ce sujet  et sur ce « monde qui garde trace à sa manière d’une réalité picturale à déchiffrer en tâtonnant ».  Inutile ici de paraphraser tous les textes critiques publiés sur Fr de Asis (et ils sont nombreux) par  Vincent Bercker, Yves Bergeret, Alain Paire, Guy Vincent, ou encore par Yves Bonnefoy qui dans une exposition au château de Tours en 2005, avait réuni outre Fr de Asis , Alexandre Hollan, Pierre Alechinsky, Zao Wou-Ki, Gérard Titus-Carmel et quelques cinq autres dont je tiens les noms à disposition).
Nous nous sommes quitté sur le constat paradoxal suivant (j’aime bien les paradoxes!): je venais de visiter l’atelier d’un ami, d’un peintre /dessinateur ou d’un dessinateur/peintre- le sens de lecture a-t-il un sens?- dont l’atelier est la Nature, le dehors, l’impalpable. La pièce où nous étions étant plus un lieu de réflexion, de paroles échangées (présentement !),  un lieu de mémoire.et d’archives.
« Quand je regarde ces iris, ce n’est pas ce que je vois mais ce que je ne vois pas et qui est comme un mystère … je revendique "de peindre sur le motif" et ce que je donne à voir est au-delà du visible, le mystère propre à la Nature. »

François de Asis programme une série d’expositions à partir de mai/juin 2012 qui accompagneront la parution de l’ouvrage intitulé « Couleur » chez Fata Morgana, et tout lieu de penser que Vincent Bercker présentera son travail récent.
A signaler le catalogue « ENCHEVETREMENTS » édité par ARTEUM musée d’art contemporain en octobre/novembre 2008 qui regroupé les œuvres de Léo MARCHUTZ, François de ASIS, André MASSON, Pierre TAL-COAT (commissaire Vincent Bercker).

lundi 13 février 2012

corpuscule... opuscle


N'ayant pas pu prendre d'images à l'exception de celle-ci
, je  vous invite guidé par quelques aphorismes de Philippe Favier  à vous rendre d'are d'are au musée Granet à Aix en Provence pour voir les "séries" de travaux de cet artiste inclassable qui sans être "singulier" n'est pas moins "explorateur d'un univers paradoxal"  (Bruno Ely) qui n'appartient qu'à lui-comme tout artiste me direz-vous ?- et qu'il nous offre avec un sourire plein de malice et de poésie.
L'accrochage est particulièrement réussi ainsi que le catalogue dans sa préface où Bruno Ely,( conservateur en Chef , Musée Granet) campe le personnage et l’œuvre "qui séduit , attire, fascine, balance comme le cobra avant de mordre, s'impose, lancinante et irritante, comme la danse du moustique avant de piquer"   avec le brio que nous lui connaissons
"J'aime les contrastes et les idées qui s'entrechoquent, le mariage de la carpe et du lapin"
"Les associations d'idées provoquent souvent des confrontations incongrues. Si je n'aime pas le fantastique, lui, m’intéresse".
"Il est difficile de lire un livre à deux, il est délicat de regarder mes œuvres à plusieurs". 
"Je me sens plus dessinateur que peintre. J'aime le contact du crayon ou de la plume sur le papier,de la pointe du métal sur le verre; le mou du pinceau dans ce qu'il transmet de déséquilibre, de vertige, m'indispose quelquefois".
"Je donne vie au papier en dessinant des morts, c'est amusant, non?"
Je travaille beaucoup cela déroute les pensées lugubres. Paradoxalement, bien que j'affectionne la série, j'ai le sentiment de bien moins me répéter que certains.le renouvellement me semble le code obligatoire pour la construction d'une œuvre. Je ne peux faire autrement qu'aller au bout des choses. Je les fatigue, jusqu'à ce qu'elles m'usent et me lâchent.C'est ainsi que les séries s'enchaînent entre excitation et lassitude, recherche et abandon".
Pour ne pas vous priver d'images à travers les mots, l'ensemble de ces phrases qui sont inscrites ici et là sur les cimaises m'ont fait penser à l’œuvre de l’artiste conceptuel Lawrence Wiener(suivre le lien pour un autre voyage à travers les mots actuellement à la collection Lambert musée d'art contemporain à Avignon).

jeudi 9 février 2012

La magie du masque...

"Oui, le maque est toujours plus fort ...que l'acteur" nous dit Erhard Stiefel lorsqu'on a la chance d'avoir été accompagné dans la visite de l'exposition qui nous est offerte par le Bois de l'Aune par cet artiste d'origine suisse du Canton de Zurich (ou Lucerne) qui donne au ton de sa voix douce et expressive, un léger accent des plus sympathique. 
Mais si l'homme est affable, passionné,  héritier de cette culture théâtrale, qui passe bien évidemment par la parole -parfois à travers un masque!-, pour avoir à l'origine de cette création travaillé à la demande d'Ariane Mnouchkine  théâtre du soleil, la présentation qui nous est offerte ici est encore plus "magique".
Les masques "flottent dans l'air à hauteur du regard, dans une lumière noire, qui restitue à merveille l'atmosphère du théâtre. Au tout début la comédia dell'arte dont les masque nous sont plus familiers, puis s'enchainent les pays Indonésie, l'inde, le Bhoutan, la Thaïlande et la Chine puis pour finir le Japon avec les masques Gigaku (IV ème /VIIème siècle), le et le Kyogen. ce que je retiendrai de cette visite ce ne sont pas les noms de tous ces masques environ une centaine sur les trois mille que compte sa collection, mais l'étrange beauté qui se dégage de ces quelques centimètres carrés de bois plus rarement de cuir ou de pâte à papier est la vie qui s'en dégage avant même qu'ils ne soient portés. L'âme même avant d'être un supplément d'âme.
"Magique" , "sublime" je n'ai pas peur des mots. j'ajouterai que l'originalité de cette présentation est qu'elle ne comporte pas de "masques africains" bien que je sois  grand amateur de  cette sculpture, mais qui aurait "banalisé" en quelque sorte le propos le ramenant à une dimension exhaustive dont je n'avais rien à faire dans cet instant de grâce.
Rikishi "GIGAKU" Japon création Erhard Stiefel

Boudrés dit "Boubou Bali création Erhard Stiefel
Le but ici est de faire partager une fois de plus coup de cœur ou visite d'expo. J'arrête là mes coup de brosse à reluire tout en félicitant au passage le directeur du Bois de l'Aune pour avoir eu l'intelligence  (et les moyens certes!)d'accueillir cette exposition,  présentée au préalable dans le Prestigieux TNP de Villeurbanne et au Théâtre Garonne de Toulouse. Mais les hommes de théâtre sont habitué à des coproductions inventives. Merci à Erhard Stiefel qui m'a permis de faire quelques photos de ses œuvres, la part plus "intime" de sa collection restant à voir sur place, jusqu'au 23 février du mercredi au samedi de 15h à 18h.les soirs de spectacles jusqu'à 23h.
Parlez en autour de vous, SVP.