Patrice, je t’écris alors que tu as quitté ce
monde le 25 janvier dernier, des suites d’une longue maladie (comme il est
convenu de dire).
Je t’écris alors que nous ne nous
sommes jamais croisés, si ce n’est à travers le regard porté sur ton travail
depuis longtemps. Il exerce sur moi une espèce de fascination, voire
d’envoutement. Il fallait que je m’en approche d’une manière «égoïste» et « tactile »,
pour apaiser ma curiosité au delà des quelques images aperçues ici ou là. Bientôt
ton travail rejoindra les réserves des musées où tu figures déjà (notamment le
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris)et les cimaises de collectionneurs
nombreux de par le monde. J’ai donc fait le détour par Auberive, où ta
compagne, Bertha Rivas, a bien voulu m’ouvrir les portes de ton atelier. Je
l’en remercie.
"Les revenants" Peinture de Bertha Rivas |
Étrangement, en 2010, j’avais visité l’Abbaye de Auberive, où grâce à la manne financière de Jean-Claude Volot,
propriétaire et collectionneur, elle est devenue un centre d’art contemporain très
actif qui mérite le détour sans hésitation. Je ne savais pas, que tu t’étais
installé depuis 2009, (grâce à ce même mécène) dans le hameau de 80 âmes tout
proche. A cette époque, je montais l’exposition, Mise en Boites, à ARTEUM, Musée d’art contemporain. J’étais parti
sur les traces d’un ami à toi Jean Moiziard qui finalement n’a pas participé à
cette exposition.
Œuvre de Jean Moiziard |
Une autre exposition au titre
évocateur, La beauté des restes, produite
en ce même lieu fin 2009, aurait parfaitement intégré ton travail.
Accumulation de sangles de cuir dans l'atelier |
Les photos
de ton atelier que je publie ici montrent bien les matériaux accumulés :
sangles de cuir, harnais, sellerie, bois d’épave, ossements, ferrailles rouillées.
Matières foisonnantes, riches de leur décrépitude, porteuses des germes de tes futurs totems ou de tes boucliers
talismaniques improbables, que tu
collais, cloutais, vissais avec l’habileté savante d’un artisan, au fil de tes
insomnies, heure à laquelle ton imaginaire fonctionné le mieux loin de la
lumière du jour, trop aveuglante peut être. Je te vois tel un chaman des temps modernes, et bien que
sans référence précise à un quelconque "primitivisme", tu savais trouver la forme
juste pour atteindre au sacré, pour m’émouvoir et me fasciner par l’étrangeté
de tes assemblages.
Œuvre en cours |
Œuvre en cours |
Je conserve la mémoire de ton œuvre.
Je souhaite par cet article que d’autres aient la curiosité d’aller vers toi et
ton travail. Pour conclure, je reprendrais ici les mots de Claude Roffat (éditeur de la revue L’œuf sauvage)
publiés dans le catalogue paru en mai 2012 à la Galerie Les yeux
fertiles : Cette œuvre tout
intérieure, loin des modes et de l’esbroufe d’un certain art contemporain
s’adresse à ce que nous avons en nous de plus précieux : le cœur.
A bientôt, sans doute, sur les cimaise
de l’abbaye d’Auberive.
Revenant de vacances, mon article ci dessus: C'est la rentrée évoque ma visite à l'Abbaye de Auberives. J'ai pu voir qu'une salle était consacrée à ton travail avec le fond de la collection. Je rajoute avec plaisir quelques photos de tes œuvres prisent ce jour là.
Revenant de vacances, mon article ci dessus: C'est la rentrée évoque ma visite à l'Abbaye de Auberives. J'ai pu voir qu'une salle était consacrée à ton travail avec le fond de la collection. Je rajoute avec plaisir quelques photos de tes œuvres prisent ce jour là.