lundi 22 décembre 2014

Niki, Tinguely et moi pour une belle année 2015

Niki de Saint Phalle n'a pas besoin de la maigre publicité que peut apporter cet article à la très belle exposition que lui consacre le Grand Palais. Mais pour avoir eu le bonheur de visiter le magnifique Jardins des tarots à Garavicchio en Italie, j'ai  envie de vous offrir une image de cette étonnante réalisation pleine de gaité , de couleurs quand bien même (comme dans toute l’œuvre de cette artiste) la mort, couplée à la liesse, n'est pas loin.

Fontaine monumentale du Jardin de Tarots à Garavicchio (Italie) 
 Je suis un peu chagriné que dans cet hommage que l'on rend à la "femme artiste" et son œuvre remplie de nanas, le nom de Jean Tinguely ne soit pas plus cité comme compagnon de route de ses débuts jusqu'à la mort de celui-ci en aout 1991 et associé à de nombreuses réalisations communes.
Sur un "socle"é de Tinguely , une nanas de Niki dans le jardin des tarots de Garavicchio.

En conclusion vous offrir ce texte comme gage d'une très belle et bonne année 2015 : une invite à la création "en mouvement", une vie en mouvement :
Tout bouge, il n'y a pas d'immobilité. Ne vous laissez pas terroriser par des notions périmées. Laissez tomber les minutes, les secondes et les heures. Arrêter de résister à la transformation. SOYEZ DANS LE TEMPS, SOYEZ STABLE, SOYEZ STABLE AVEC LE MOUVEMENT. Pour une stabilité dans le PRÉSENT. Résistez à la faiblesse apeurée de stopper le mouvement, de pétrifier les instants et de tuer le vivant. Arrêtez vous de toujours réaffirmer des "valeurs" qui s'écroulent quand même. Soyez libre, vivez et arrêtez vous de "peindre" le temps. Laissez tomber la construction des cathédrales et pyramides qui s'écroulent quand même comme des tartes. Respirez profondément. Vivez à présent, vivez dans et sur le temps, pour une réalité belle et totale.
Düsseldorf, mars 1959.
Jean Tinguely.

dimanche 23 novembre 2014

Artistes, vos papiers.

Se tiendra au Musée Muséum départemental de Gap et cela jusqu'au printemps 2015, une série d'expositions regroupées sous le titre MATIÈRES à collections.
Pour l'une d'entre elles, Artistes, vos papiers,j'ai le plaisir d'être à la fois le co-commissaire avec  Frédérique Verlinden Conservatrice en chef  du musée, mais aussi aussi l'un des exposants. Une fois n'est pas coutume, n'est-ce pas?
C'est aussi une façon de connaitre dans ce lieu muséal prestigieux, le retour des "regards publics" (enfants et adultes confondus) sur une sélections de travaux dont certains avaient été montrés, avec succès, faut-il le dire? à Aix-en-Provence dans le cadre de Paper'Art Project tout au long de l'année capitale Marseille Provence 2013. organisée par GUDGI. 

J'apprécie que ces pièces" voyagent " d'un lieu à un autre avec un nouvel accrochage, un nouvel éclairage. De nouvelles créations entre temps viennent aussi ponctuer la progression du travail. Ce "nomadisme" devrait être pratiqué plus souvent entre musées, d'autant que nous entrons dans des périodes de restrictions budgétaires. Le partenariat qui se fait pour les créations du "spectacle vivant" devrait être étendu plus fréquemment aux arts visuels, me semble-t-il.

Les artistes : Alexandra DEUTSCH, Christine TCHOUHADJIAN, Isabelle JAROUSSE, Jean-Baptiste AUDAT, Juile DAWID, Magali LATIL, Woo-Bock LEE ont chacun un site Internet qui vous permettra d'approfondir la connaissance de leur travaux au delà des images qui suivent et qui sont forcément restrictives (et je m'en aperçois: d'une qualité douteuse!).
Isabelle JAROUSSE

Jean-Baptiste AUDAT

Alexandra DEUTSCH

Christine TCHOUHADJIAN, Julie DAWID , Woo-Bock LEE

Pierre VALLAURI

Magali LATIL
 Cette présentation autour des matières (mot qui doit être pris dans son double sens : substance et sujet... de la collection) ne s'arrête pas là, pour le plus grand bonheur des visiteurs. Awena Cozannet donne une présentation, tenir le fil,  ample et généreuse à travers des installations et des photos de travaux "textiles" réalisés lors de résidences tant en Chine qu'au Bangladesh, Myanmar et Pakistan. Un "voyage" donc dans cette matière textile, vêtement comme une seconde peau, très chargée symboliquement et émotionnellement. 
Ces œuvres de fils nouées, enchevêtres, teintées indigo ou garance, redonnent ses lettres de noblesse à cette matière textile que les biennales de Lausanne avaient portées au plus haut niveau des arts plastiques, sinon au même rang que peinture et aujourd'hui la photographie ,  Hélas depuis son arrêt brutal en 1995 et à part l'exposition "Décorum"  cette année au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, ce matériau et le potentiel de création offert semblait obsolète,  désuet.

installation salle II Awena Cozannet
A l'entresol, Arlette Vermeiren, après avoir lacérer des papiers de récupération (emballages d'agrumes, de biscuits de bonbons ou encore de papiers cadeaux) en fine lamelles, elle les noue les unes aux autres formant ainsi  des rets, des filets où semblent capturés les animaux naturalisés par taxidermie (lesquels aigles, renards, singes font partie eux aussi de l'importante collection du muséum). le tissage peut aussi devenir tanière du renard.
La tanière du renard Arlette Vermeiren




                                                             
Le filet qui protège ... dans les deux sens!
L'artiste Granjabiel propose des déclinaisons graphiques pour rapprocher  bêtes et hommes . Ses dessins viennent en contrepoints d'une époustouflante présentation de singes naturalisés dont l'ensemble fait œuvre (d'art)
Il ne faut pas oublier la collection Les étains d'Esculape du docteur Patrice Borel, lequel par un humour tout en "retenue scientifique", nous expliquait  leurs usages du 18 ème au début du 20 ème dont une batterie de seringues et de clystères qui aujourd'hui est fort heureusement remplacés par des instruments plus "humains" car la seule vue des précédents devaient guérir les malades les plus récalcitrants!!!
En conclusion , une exposition à ne manquer sous aucun prétexte. Une espèce d'injonction rare chez moi plus enclin à l'invitation. 
De plus , il faut le souligner (et je les en remercie ici presque publiquement) l'ensemble du personnel du musée  est d'une rare compétence. Il  vous accueillera avec sympathie. 
Vous êtes conviés aussi à vous rendre sur le site de la revue textile-art qui poursuit sa mémorable existence à travers son blog.

L'expo se prolongera vue son ampleur jusqu'au mois d'avril 2015.

dimanche 9 novembre 2014

hommage à Pina Bausch

Je ne sais pas encore insérer les vidéo sur mon blog. 
Mais il vous suffira de cliquer sur ce lien pour être au comble de l'émerveillement!

http://www.culturainquieta.com/es/estimulante/item/5016-2014-11-05-09-32-53.html

2

Nowhere créé par Dimitris Papaionnou en 2009.



samedi 13 septembre 2014

100 papiers, plus ou moins.

Le CINÉMA, repaire artistique, situé à Roquevaire et sur lequel j'avais "blogué" lors de son inauguration en octobre 2012 (voir l'article publié le 22/10/2012 sous le titre Du Cinéma à Roquevaire à 200 rd 10) accueille depuis hier et jusqu'au 11 octobre les travaux "sur et dans" le papier (d'où le titre!) de Ninon Anger,Nicole Arsenian,Isabelle Guigues-Nathan, Odile Xaxa et votre serviteur.
Vernissage brillant et en toute objectivité, à la hauteur des œuvres présentés. 

L'entrée de la Galerie Le soir!

de gauche à droite : Pierre vallauri (Souvenirs Japon) et les encres de Nicole Arsenian.

Ninon Anger

Isabelle Guigues-Nathan.

Odile Xaxa
Ce groupe s'est formé par affinités électives autour d'un même support (comme en d'autres temps des artistes-devenus célèbres-prenaient le support mais aussi la surface comme éléments de réflexion, puis de travail!) . 
J'avoue aussi que j'avais envie de prolonger la belle série d'expositions initiée par GUDGI en 2013 à Aix en Provence,sous le titre (prometteur et ce fut le cas ) de PAPer'Art Project (labellisé par Marseille Provence, capitale de la culture). Je n'avais pas non plus envie d'exposer tout seul. La peur du vide, pourtant bien à la mode dans d'autres lieux muséaux!
 Ayant une fois de plus changer de registre, passant du bronze ou de la terre, au haut relief de papier (est-ce bien le terme technique?) j'avais envie de partager ce bel espace. L'amitié a beaucoup joué aussi.
De plus Sylvie et Corinne qui dirigent cette galerie (associative) étaient tout à fait d'accord pour offrir aux  visiteurs qu'elles espèrent nombreux, une approche diversifiée et originale du dessin avec quelques touches colorées de peinture toutefois. 
Elles assurent ainsi la "rentrée" qui avait était marquée en d'autres lieux marseillais, les 30 et 31 aout par le remarquable accrochage au Château de Servières sous le titre de Paréidolies.et depuis une petite semaine à la galerie Patrick Bartoli sous le titre (comme je les aime!) de Traits d'Union N #2.

Il faut donc aller voir de près ces travaux, (et bien mieux que par la simple lecture ci-dessus de ces  images "approximatives"), dans le droit fil (n'est-ce pas Odile?) de l'actualité (et de l'importance) du dessin et de la richesse de son support: le papier. 
 Quelle imagination et quelle beauté!
Vous trouverez également un excellent écho de cette exposition sur le lien suivant: http://imagesentete.blogspot.fr


vendredi 29 août 2014

De retour (de vacances)

Cet été, par ici ou par là, la météo déplorable à gâcher le séjour de bien des vacanciers. La solution était peut-être de se "réfugier" dans les musées, les centres d'art contemporain. La  province française est d'une richesse incroyable à ce niveau et, mis a part , le musée Soulage à Rodez où il y avait "une queue pas possible" (en raison aussi de son ouverture récente et hyper médiatisée),les autres sont hélas désertés. Il faut  pour cela être quelque peu addict à la découverte de nouvelles œuvres d'artistes moins connus que Soulage mais qui jalonnent notre culture artistique, la mienne en tout cas.
Ainsi, dans la salle 14 bis du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, étaient montré un ensemble de sculptures de l'artiste anglais Raymon Mason (ce lien vers un article d'Alain Madeleine-Perdillat est une excellente  critique de son travail). J'y ai retrouvé le développement d'une sculpture dite de "haut relief", très personnelle et peu courante, avec des affinités, voire des complicités (amicales) avec Giacometti.
 https://www.youtube.com/watch?v=6gIG1uYt0T8
Le tramway de Barcelone 1953


Rue Monsieur-le-prince Paris 6 ème.


Un rapprochement  comme je prends plaisir à la faire avec l'artiste Paul Day ,d'origine anglaise également,  paraitra osé  aux yeux de certains?
The Palace of Justice 1999 - 70x140x40 cm Terre cuite (Photo J-F Dewitte)
J'insterais, même, avec le travail de l'ami Georges Guye qui trouve un excellent écho sur le blog de Florence ainsi que sur celui de la galerie Alain Paire avec des œuvres récentes qui contrastent avec ses "hauts reliefs" de ses débuts, dont je n'ai hélas pas gardée trace photographique.

Une autre découverte "estivale" fut celle de la commande publique initiée par FRAC Nord Pas de Calais pour le chœur de l'église Saint Jean-Baptiste sise à Bourbourg via le sculpteur Anthony Caro (anglais lui aussi) dont le travail considérable jalonne  l'histoire de la sculpture contemporaine, et sur tous les continents,  exception faite de la France. L'oubli est réparé!
Réalisée entre 1999 et son inauguration en 2008, neuf sculptures consacrées au thème de l'eau et de la création du monde, occupent les niches gothiques en arc de cercle.
La cuve baptismale et les neuf niches du Chœur de lumière

chute d'eau


 La Tour du matin et la Tour du soir en bois de chêne de 5 m de haut, viennent se lover chacune autour de deux piliers comme des chaires habituellement réservées aux prêches, . Accessibles aux visiteurs, elle permettent une vue en contre plongée sur deux autres sculptures monumentales, Alléluia et le jardin du paradis.

les tours + une œuvre dans l'espace de Carole Simard-laflamme

le Jardin du Paradis

 Elles allient terre cuite chamottée et bois. Elles sont  réalisées avec l'aide du céramiste allemand Hans Spinner et témoignent d'une recherche très "ouverte" à d'autres formes et d'autres matériaux de la part d'Anthony Caro..

Seuil
Peu de temps avant sa mort en octobre 2013, Le 3 mai 2013, il avait honoré de sa présence l’inauguration du Centre d’interprétation art et culture (CIAC), (outil de promotion de son œuvre), installé dans les anciennes halles aux poissons.
 Dans ce lieu, j'ai beaucoup apprécié l'exposition de la canadienne Carole Simard-Laflamme, que j'avais croisé sur ma route à l'époque (révolue!) d'artiste-licier dans les années 1980/1990, à la Biennale de la tapisserie de Lausanne (manifestation aujourd'hui disparue du paysage!)

On souhaiterait que chaque ville de France et de Navarre dispose d'un tel outil culturel quand on sait par ailleurs qu'une certaine galerie du Conseil Général des B-d-R à Aix en Provence ferme ses portes!





samedi 28 juin 2014

balade dans le 04

A l'approche de l'été et des vacances, je propose (une fois de plus) des chemins de traverse dans l'arrière pays,  plus communément appelée la Haute Provence.
[Je reviens un instant sur ces chemins de traverse. C'était le titre d'une exposition qui date de 1986, dont je conserve précieusement le catalogue et qui présentait en plusieurs lieux publics de la côte varoise les travaux de Georges Guye, Josée Sicard, Pierre Timan et Pascal Verbena. Les amateurs d'art reconnaitront les leurs!!! Fermons la parenthèse ]
Les paysages sont magnifiques, la nature est luxuriante. Les champs de lavande, (qui m'a-t-on dit seront fauchés d'ici à une semaine ou deux) créent des trouée d'un bleu (lavande!) d'une intensité incroyable. Quelques touristes s'arrêtent... On les comprend, devant tant de beauté naturelle, "y a pas photo!".

Première halte, à l'écart de la route dite des Alpes, à la sortie de Volx, l'écomusé de l'Olivier présente jusqu'au 4 novembre 2014 une installation de Carole Solvay et des dessins d' Alexandre Hollan autour du thème de l'arbre. Dans une ancienne usine (de traitement de la chaux reconvertie pour le circonstance), vaste et spacieuse,sont rassemblées dans la partie plus strictement muséale tout ce qui peut graviter autour de l'olivier , de l'huile produite à partir de son fruit,  dans l'aire méditerranéenne, accompagné de textes chuchoter à nos oreilles confortablement assis sur des bancs, de remarquables photos et même des senteurs  de thym, de romarin, de laurier émane de colonnes jusqu'à nos narines.
tronc d'olivier multi centenaire.
En mezzanine les travaux des deux artistes précités.
Si je connaissais Alexandre Hollan et son travail inlassable et remarquable autour de l'arbre
pour l'avoir vu tant à Paris qu'à Montpellier au Musée Fabre (et avoir souhaité que ces dessins figurent dans dans la biennale de dessin initiée à ARTEUM musée d'art contemporain), j'avoue avoir été "scotché " -Il faut rester jeune dans ses écarts de langage- par l'installation de Carole Solvay, qui jusque là m'était totalement inconnue . Pardon!
Il vous faut parcourir son site au delà de ces quelques photos
Rêve d'olivier détail

Rêve d'olivier
L'accueil dans ce musée est particulièrement chaleureux. Un dépliant accompagnera votre visite au delà de cette première approche imagée.
Par une route  qui longe la vallée de l'Asse et une descente en lacets , vous arriverez à Moustiers-Sainte -Marie où je situe ma deuxième halte . Haut lieu de la faïence, ce bourg possède un musée éponyme dont la nouvelle présentation muséographique, "réussie" je le souligne, était inaugurée ce samedi. 
Grâce au mécène Pierre Jourdan Barry et quelques dépôts du Musée de Sèvres, on découvre dans "le salon bleu", par exemple, de magnifiques plats, assiettes  en faïence décorés à la main,au pochoir,  d'une grande finesse. Amateur de rapprochements osés, je pense qu'on est pas loin de l'aspect volatile, aérien de l’œuvre de Carole Solvay.
Les remerciements pour la rénovation du musée et son enrichissement , vont aussi vers les céramistes de Moustiers :
1/ Denis Fine qui a accueilli dans son atelier dans les années 80/90 ,une pléiade d'artistes qui rendaient un hommage à Picasso (qui avait lui-même fait le même pas vers la céramique dans l'atelier Madoura à Vallauris). Des assiettes, de petites sculptures attestent de l'imaginaire et de l'inventivité de chacun transposée dans un univers - la terre - étranger à leur pratique habituelle.
2/ Gérard Lachens est largement représenté par des sculptures - petits personnages assis au bord d'une cruche, ou juchés sur des animaux curieux - toujours pleine d'humour et de tendresse.
Gérard Lachens


 Un bonheur que de voir et revoir tout cela dans une proximité qui laisse perplexe car la protection, tant des faïences anciennes que ces "petits bijoux", est inexistante excepté des cameras et des écrans de contrôle.
"Une ombre au tableau". C'est bien le mot puisque la fresque de Jérôme Galvin qui ornée la salle à la suite de celle consacrée aux faïences dites ""grotesques" a été censurée : voir le lien suivant:

Le puritanisme fait rage dans les "nouvelles"mairies. C'est bien sûr dommage.
Sans vouloir remplacer les offices du tourisme locaux, bientôt, le 5 juillet précisément, s'ouvriront deux exposition autour du travail de Claude Viallat :
1/ Au coin de l'enfer (Saint-Etienne-les-Orgues) Tauromachies
2/ Centre d'Art Boris Bojnev (Forcalquier) cerceaux et objets
Avis aux amateurs . 
Bel été.

jeudi 12 juin 2014

Comparaison n'est pas raison!

Parfois les images s'entrechoquent, se superposent, à tort ou à raison.Bien souvent les "immeubles" se ressemblent de par le nombre de fenêtre au mètre carré!.
Photo glanée par ma fille J. dans une savonnerie de Naplouse (Cisjordanie)

Œuvre de Martine Feipel et Jean Bechamiel
Bien sûr le "geste"  de cet artisan qui empile ses savons,  de manière artistique me semble-t-il, n'est pas le même que ce couple d' artistes qui exposent cette immense maquette au Pavillon de l'Arsenal (Paris) dans le cadre de l'exposition "Un monde parfait" avec l'architecte Rem Koolhass comme commissaire.

 De fait , je suis peut-être dans l'erreur "monumentale".

Un autre univers , presque d'un autre age , mais tellement poétique.... sachant par ailleurs que mon père était coiffeur!

lundi 26 mai 2014

Bestialement vôtre!

Je ne sais pas si ce titre n'est pas (un peu) trop fort? En tous cas la Chapelle Notre Dame de Consolation (1bis Avenue Philippe Solari à Aix en Provence) est occupée, à merveille, par une faune sauvage principalement venue d'Afrique....

Je m'explique: le Muséum d'Histoire Naturelle,  comme le dit si bien son conservateur , Gilles Cheylan, sort de sa réserve. Le musée déménage. Le projet d'exposition "beautés sauvages" avec les œuvres d'Aurélien Raynaud, devait y avoir lieu avant fermeture. Par chance, la direction des musées, à laquelle la chapelle vient d'être récemment rattachée, lui a proposé de rassembler en ce lieu une grande partie de son travail. Une gageure, ou mieux un défi qu 'Aurélien a assuré de manière magistrale , l'espace initial du musée n'étant en rien comparable à cette chapelle, au prix, vraisemblablement de nombreuses heures d'un travail original, imaginatif. Son intime intention est  de sensibiliser le public à la disparition de certaines espèces. Il rend hommage à la beauté des bêtes sauvages dont certaines sont affreusement chassées, tuées puis dépouillées de leurs cornes ou  de leur peau. Une forme de sacralisation de la nature, de sa beauté que le lieu renforce.  



 La Ville d'Aix-en-Provence, en dehors de ses musées, manquent cruellement de lieux d'exposition pour présenter des travaux d'art contemporain de manière convenable et/ou appropriée. Début 2013, dans le parcours de Ville L'art à l'Endroit de l'année capitale M P 2013, ce lieu avait été ré-ouvert pour accueillir l’œuvre de Marc Camille Chaimowicz.
Aujourd'hui, les collections "délocalisées",  en quelque sorte,  pour un temps relativement long (jusqu'au 21 septembre) sont accompagnées, je dirais plus, valorisées, par les œuvres du peintre et (surtout) sculpteur animalier, Aurélien Raynaud. dans un dialogue qui fonctionne à merveille:
Complicité et  scénographie exceptionnelle font que nous sommes accueillis dés l'entrée par un lion, une panthère, un gorille colossal, réalisés grâce à l'accumulation de strates de grillage modelées dans la forme. Une technique très personnelle et originale.

 
Si le matériau n'invite pas vraiment à  la caresse, ....( mais a-t-on forcément  déjà envisagé de caresser un lion  au delà de l'envie de dominer ses peurs? ), il donne cependant à la bête toutes ses courbes, ses muscles sous-jacents, son agressivité, et sa majesté, une espèce de nonchalance trompeuse aussi. Bref tout y est dans une figuration "distanciée" très contemporaine.
 Une lumière sourde, une fraicheur ambiante propre au lieu nous transporte dans un pays lointain . Nous parcourons la jungle indienne ou africaine. Deux canapés nous invitent au repos et la la méditation. Un chimpanzé (taillé dans un énorme bloc de bois rare), sur la gauche, nous guette de son bras, replié en visière sur ses yeux:
 
Nous sommes repérés et "sympathiquement" renvoyés à nous même, descendu de notre branche. La visite peut commencer. Des alvéoles (des niches?) dans des murs de caissons présentent des sculptures( bois, plâtres, bronzes) du jeune singe qu'Aurélien R. a gardé prés de lui pendant 13 années.Une telle "figuration", dans des poses atypiques et quasi fraternelles (osons le mot!) est le résultat de cette complicité quotidienne sur plusieurs années.


Des voiles de gaze sur lesquelles les dessins de tigres et lions réalisé par Aurélien ont été transférés, séparent subtilement l'espace réservé aux collections du Muséum.
Deux crânes,celui d'un éléphant, l'autre d'un rhinocéros,

sont de véritables sculptures. Elles évoquent pour moi les études dessinées qu'Henri Moore faisait avant d'aborder ses travaux aux formes abstraites mais néanmoins proche du réel..
La présence de ce bestiaires dans le cœur de la Chapelle est une forme de sacralisation qui ne devrait choquer personne..
J'y ai trouvé là, la fascination qu'éprouvent-sans doute- les enfants face à ces animaux , ours , renards, oiseaux, si je songe un instant aux quantités de peluches qu'on trouve sur les étals des vides-poussettes.Cette partie là contribue elle aussi à nous sortir du quotidien, et il faut absolument y amener enfants et petits enfants....

Cette mise en scène, et c'est tout à l'honneur des organisateurs, me rappelle le travail de Huang Yong Ping dont j'avais pu voir le travail dans la chapelle/musée de l'Hospice Comtesse, à Lille, dans le cadre de la manifestation "Fantastic'" Lille 3000.
Cet artiste, familier des formes animales (et de leur symbolique) avait sauvé de l'incendie une partie d'un atelier de taxidermie parisien . Il avait "relogé", lui aussi,  toute cette faune dans une immense arche de Noé qui occupait toute la nef..
Huang Yong Ping l'arche de Noé Musée de l'Hospice Comtesse à Lille


Une audace, comparable à celle que nous offre cette exposition aixoise, qui je l’espère se renouvellera, sans attendre des célébrations "anniversaires" d'année capitale. A moins de prendre date, comme le fait la ville de Lille, dans un cycle biennal d'exposition d'art contemporain. Rêvons un peu!!!!
Exposition "Beautés sauvages" (ce pourrait être aussi le titre de cet article). Jusqu'au  21 septembre de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h - fermé le mardi.

Me parvient à la date du 23/01/2015 une vidéo réalisée par drone image de cette fabuleuse exposition aixoise. Je rajoute donc ce lien pour les plus curieux et les nostalgiques -dont je suis -d'une telle "prouesse" dans le paysage culturel aixois.
https://www.youtube.com/watch?v=6C4S5uUZ2Xw&feature=youtu.be


A renouveler avec intelligence, avec d'autres artistes dans cette même et évidente "beauté sauvage" déclinée au pluriel d'une faune africaine ou via  d'autres horizons artistiques, peu banals si possible!.