vendredi 17 février 2012

L'amandier en fleur, Venise... François de ASIS


De prime abord la quantité de toiles rangées les unes contre les autres impressionne. A la sortie Fr. de Asis me confiera qu’il y en a plus de mille (et pareillement à la cave ainsi que dans d’autres lieux).
Dans la pièce du fond, une lumière zénithale vient éclairer les toiles que Fr.de Asis a disposées sur les murs…pour que nous en parlions.

Sur le seul chevalet présent repose offert à la lecture, un poème de Michel Gravil extrait de l’ouvrage Le bassin les ombres. Une lithographie l’accompagne réalisée par les éditions d’art Henry des Abbayes, à partir de la peinture d’un amandier en
 fleur. 













  


 La poésie, la littérature sont  étroitement liées à l’œuvre de Fr.de. Asis. Sa grande estime pour Bruno ROY, fondateur des éditions Fata Morgana atteste de cet engouement pour l’écriture et les beaux livres où la qualité du papier, la calligraphie confèrent à l’ouvrage une beauté particulière et précieuse, une sensibilité qui souligne avec fraicheur la rencontre d’un texte et son auteur, un éditeur et un illustrateur dans une conversation dialogique.
 Fr.de Asis aime à parler « d’écriture », tant le dessin « originel » au sens de « primitif », antécédent à toute œuvre  pourrait se substituer au terme de « peinture ». Certaines œuvres momentanément exposées à mon regard, sont séparées les une des autres par plus de trente années. Tout ce temps  « à travailler sur le motif » (je dirais presque à travailler le motif) dans la Nature, en direct, pour employer un terme proche de l’image télévisuelle et du reportage qui envahit notre quotidien.
Si son œuvre semble être devenue « abstraite » voilà ce qu’il dit de la Nature et de l’abstraction : « On oubli de nos jours que la Nature est d’une inventivité supérieure à toutes nos créations ». Le maitre mot est dit « inventivité ». Dés lors, il s’agit selon Fr. de Asis de faire le vide autour de soi afin d’être en empathie, en état de réceptivité totale pour que le trait naisse « presque » (je glisse le titre de l’ouvrage « le je ne sais quoi et le presque rien » de Vladimir Jankélévitch) de lui-même.

Fr. de Asis me parle alors le la neige de ces derniers jours et de l’abstraction : « La neige est une des manifestations de l’abstraction. Elle arrête en chemin le dessin que tu sais faire au point de l’effacer ». Quand au fait de revenir inlassablement sur les mêmes motifs (La Jourdane, le barrage Zola, La Cathédrale Saint-Sauveur, Venise),
La place San Marco vue de la Judeca (30 années séparent ces deux tableaux) au centre une sculpture d'Amado
il me dit encore : « on ne se libère d’une chose  que lorsqu’on l’a apprise et qu’on la connait bien ». Cette évolution dans une continuité qui pourrait sembler stérile ou répétitive, abouti à une écriture personnelle où comme dans l’esquisse (d’une œuvre à venir) il ya une part de réel et d’imaginaire mélangé. « C’est un travail continuel ».
Nous avons parlé ensuite (ou entre temps) de « signifiant et de signifié ». Denis Coutagne a écrit un très beau texte à ce sujet  et sur ce « monde qui garde trace à sa manière d’une réalité picturale à déchiffrer en tâtonnant ».  Inutile ici de paraphraser tous les textes critiques publiés sur Fr de Asis (et ils sont nombreux) par  Vincent Bercker, Yves Bergeret, Alain Paire, Guy Vincent, ou encore par Yves Bonnefoy qui dans une exposition au château de Tours en 2005, avait réuni outre Fr de Asis , Alexandre Hollan, Pierre Alechinsky, Zao Wou-Ki, Gérard Titus-Carmel et quelques cinq autres dont je tiens les noms à disposition).
Nous nous sommes quitté sur le constat paradoxal suivant (j’aime bien les paradoxes!): je venais de visiter l’atelier d’un ami, d’un peintre /dessinateur ou d’un dessinateur/peintre- le sens de lecture a-t-il un sens?- dont l’atelier est la Nature, le dehors, l’impalpable. La pièce où nous étions étant plus un lieu de réflexion, de paroles échangées (présentement !),  un lieu de mémoire.et d’archives.
« Quand je regarde ces iris, ce n’est pas ce que je vois mais ce que je ne vois pas et qui est comme un mystère … je revendique "de peindre sur le motif" et ce que je donne à voir est au-delà du visible, le mystère propre à la Nature. »

François de Asis programme une série d’expositions à partir de mai/juin 2012 qui accompagneront la parution de l’ouvrage intitulé « Couleur » chez Fata Morgana, et tout lieu de penser que Vincent Bercker présentera son travail récent.
A signaler le catalogue « ENCHEVETREMENTS » édité par ARTEUM musée d’art contemporain en octobre/novembre 2008 qui regroupé les œuvres de Léo MARCHUTZ, François de ASIS, André MASSON, Pierre TAL-COAT (commissaire Vincent Bercker).

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article, Pierre, qui permet d'entrer dans l'atelier d'un peintre dont j'admire le travail.

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