Tel est le titre , énigmatique ,mais plein de promesses tenues (comme à son habitude) qu 'A. Clif donne à sa nouvelle exposition, à Tourves dans le tout nouveau et reluisant (malgré ses trois années d’existence) Musée des Gueules Rouges.
Pas très loin donc d'une précédente exposition de l'artiste au Pôle Culturel des Comtes de Provence à Brignoles (voir l'article sur ce blog : la nécessité de l'eau du 22/012013). Les travaux de celle-ci ayant convaincus la conservatrice d'inviter Anne Claude à travailler sur la texture, les matières, la couleur des mines de bauxite de cette région et la vie des mineurs. Le rouge est de mise mais saturé d'ocre et de blanc , il évacue toute référence dramatique liée à cet univers angoissant auquel d'autres mines (de charbon) peuvent faire penser quand bien même un fond noir rehausse l'ensemble.
La technique d'Anne-Claude, "peinture (qui) se fait sur tous les supports sans pinceaux avec des peintures flottantes où je mêle des pigments avec de l'huile en suspension" confère à cet ensemble un caractère d'universalité et d'intimité de ces lieux tels qu'on les imagine. De plus l'ambiance de ces souterrains, galeries et autres boyaux d'exploitation, le travail des mineurs sont évoqués dans un parcours reconstitué entre virtuel et réel. N'est-ce pas le but de toute représentation à travers un médium artistique, ici la peinture.
Un catalogue éponyme, Cité de l'ombre, donne la parole à l'artiste elle-même (exercice périlleux mais réussi où elle dit quelques mots sur son grand père... mineur et l'originalité de sa technique picturale), à des critiques d'art telles Christiane Courbon, Bernadette Clot-Goudard et au docteur, psychiatre Jean-Pierre Boyer dont je voudrais ici citer un extrait de sa contribution:
"Les couleurs travaillent le (ou mon) vécu d'une façon surprenante, la gamme des rouges, les jeux d'ombres et de lumières, le ruissellement de l'eau sur la rugosité des rochers me convient au spectacle étrange des combinaisons singulières propre aux éléments naturels dans un contexte particulier. C'est plus que beau, c'est une expérience troublante. Explorer le rapport de l'humain aux éléments ou forces naturelles qui l'entourent et qui l'habitent en offrant à chacun l'opportunité de découvertes ou redécouvertes."
L'accrochage est parfait. Au centre de cette salle carrée se développe un labyrinthe : installation de peintures sur voiles qui symbolisent ce "jeux" d'ombres et de lumière que les mineurs devaient connaitre à chaque descente, au détours d'une galerie à l'autre, mais aussi cette notion d'"enfermement" dans des conditions extrêmes de pollution et de sécurité plus que précaires.
Cet accrochage se poursuivra jusqu'à la fin juin.
Hâtez vous !
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